premiere


En couverture d’Europa Star Numéro 3/2012:
DeWitt, quand l’émotion vient de la qualité

May 2012


“Le seul aspect rationnel du luxe est la qualité”, aime à dire Jérôme de Witt, “pour le reste ce n’est que de l’irrationnel, de l’émotionnel, du rêve.”

“Irrationnel” pourrait être effectivement le qualificatif idoine pour la pièce la plus démonstrative dévoilée par DeWitt à Baselworld 2012, la X-Watch Sous son capot d’acier en forme de X qui recouvre partiellement le cadran se cache une motorisation de compétition mécanique. Qu’on en juge un peu: le mouvement unique, placé dans un boîtier réversible, affiche sur une face un tourbillon, sur l’autre un chronographe, et sur ses deux faces heures et minutes bi-rétrogrades, le tout entraîné par une masse oscillante périphérique. Ce moteur survitaminé de 544 composants est le 3ème mouvement 100% manufacturé DeWitt et répond au doux nom de calibre DW 8046.
Capot refermé, toutes les indications restent parfaitement visibles. Côté tourbillon, la lecture est particulièrement simple et la montre affiche un visage très marquant, à la fois précieux et sportif. A 6h le tourbillon fait office de petite seconde. A gauche les heures rétrogrades, à droite les minutes rétrogrades se détachent avec netteté tandis qu’à 12h s’affiche la réserve de marche à aiguille, semblable à une jauge directement extraite d’un cockpit.

X-WATCH by DeWitt
X-WATCH by DeWitt

Quatre poussoirs positionnés sur les parties supérieures et inférieures de la boîte en titane Grade 5 permettent d’actionner le capot en X qui s’ouvre en son milieu et se relève automatiquement à une vitesse mécaniquement contrôlée pour dévoiler en majesté l’intégralité du cadran. On découvre alors qui se détache sur fond de motif guilloché soleil une applique centrale en forme de sablier. On peut dès lors faire pivoter le boîtier pour découvrir la face chronographique de la X-Watch.
C’est un mouvement chronographe squeletté qui se détache avec force et netteté sur un fond constitué d’une plaque de nickel d’argent noircie. Cette plaque isole la partie chronographe du mouvement monté sous le tourbillon. A elle seule, cette plaque d’un millimètre d’épaisseur représente une performance ardue à réaliser car elle est percée de 58 trous dont l’ajustement se fait au micron. Heures et minutes rétrogrades se lisent de la même façon que sur la face tourbillon, dans deux segments placé à gauche et à droite du cadran. Le compteur des secondes du chronographe s’affiche par guichet sur un disque placé à 12h. Le compteur des 30 minutes s’affiche sur 3 niveaux de 10 minutes par une aiguille à 3 bras prolongés par un petit disque. Tout autour se découvre la ronde sinusoïdale de la masse oscillante périphérique. Cette courbe intérieure aux lignes particulières entraîne le système de remontage automatique séquentiel (ASW) breveté qui permet, grâce à deux bras d’armage. de remonter le barillet jusqu’à 96% puis de le laisser librement se dérouler sans contact jusqu’à 92% avant de reprendre contact, via un levier, avec le rouage de remontage. Ce remontage séquentiel offre une distribution constante et stable de l’énergie vers l’échappement, dans la plage idéale comprise entre 92% et 96% du couple du ressort de barillet.
Refermons le capot sur ce chronographe d’allure aussi précieuse que sportive! La lecture des heures, minutes et des temps courts se fait parfaitement entre les branches du X qui soulignent encore la vigueur stylistique de la pièce.
Trois ans de recherche et développement pour cette pièce aussi “irrationnelle” visuellement qu’économiquement: 25 X-Watch sont disponibles au prix de 398’000.- CHF pièce. Mais il est vrai qu’à l’occasion de sa toute première présentation, lors de la vente aux enchères Only Watch à Monaco en septembre 2012, elle a atteint le prix de 410’000.- euros, soit environ 492’000.- CHF.

Un squelettage architectural
Plus “rationnels” que la X-Watch, les tourbillons squelettes Twenty-8-Eight? Tout aussi “émotionnelles” en tous les cas, que ces pièces équipées du calibre DE8028 à remontage manuel, premier mouvement 100% manufacture de la maison DeWitt, sorti pour la première fois en 2010.
Le travail de squelettage qui a été accompli sur ces calibres n’a pas été fait dans le but d’en retirer le maximum de matière – au risque de les fragiliser – mais dans une pure optique architecturale qui offre à l’oeil une vision véritablement tridimensionnelle. Constitué de deux plaques, en maillechort sablé et finitions or noir, d’épaisseur différente et positionnées sur deux niveaux distincts – la plaque du dessous étant plus fine que celle du dessus – le mouvement offre ainsi d’inédits jeux d’ombres et de perspectives. Dans ce théâtre architectural, le tourbillon est particulièrement mis en valeur. Animé par un spiral Straumann avec courbe Phillips fabriqué dans un alliage incassable, autocompensateur, inoxydable et antimagnétique, équipé d’un balancier à inertie variable battant à 18’000 A/h, ce mouvement de grande précision est doté d’une réserve de marche de 72 heures. A 12h, on trouve le barillet également squeletté dont la forme ajourée laisse voir le jeu du ressort.

TWENTY-8-EIGHT SKELETONISED TOURBILLON HIGH JEWELLERY and ROSE-GOLD by DeWitt
TWENTY-8-EIGHT SKELETONISED TOURBILLON HIGH JEWELLERY and ROSE-GOLD by DeWitt

Ce robuste mouvement est enserré dans un boîtier en or rose 18 carats de 43 mm de diamètre pour une épaisseur de 10.78 mm aux côtés décoré des désormais fameuses “colonnes impériaes” emblématiques du style DeWitt mais interprétées ici avec plus de discrétion qu’à l’accoutumée. Les cornes de la boîte ont été redessinées avec finesse et vivacité et le rehaut intérieur du cadran présente une paroi diamantée d’or rose qui offre de scintillants jeux de lumière.

Ces jeux de lumière sont décuplés sous l’assaut des 3,8 carats des 36 baguettes et 104 brillants qui parent la version or rose Haute Joaillerie de tous leurs feux. L’alliance du diamant, géométriquement serti avec une éclatante rigueur, et des jeux architecturaux tridimensionnels d’un calibre anglé, poli, satiné à la main, donne à la pièce une classe toute particulière, faite à la fois de robustesse, de finesse et de sportivité.

Taillé dans le Néotitane
Le même mouvement manufacture DW8020 anime le Twenty-8-Eight Tourbillon dont la nouveauté, cette année, est que son boîtier est taillé dans de l’or rose et du Néotitane. Un titane dont la structure est modifiée par anodisation, ce qui le rend 10 fois plus dur (et donc plus résistant et léger à la fois) que le déjà très “costaud” titane Grade 5. La teinte grise très mate, tirant presque sur le verdâtre, qui en résulte a pour effet de couper tout reflet sur le dessus du boîtier. Le contraste avec la vivante chaleur du cadran n’en est que plus fort. La calandre d’or rose qui s’inscrit fortement au centre du cadran se détache avec vigueur sur le fond de soleil rayonnant gravé ton sur ton qui court sur deux zones jouant entre les anthracites et les noirs piqués de chiffres et d’index d’or rose. La calandre se termine en bague qui enserre le tourbillon. Celui-ci est suspendu sous une résille noire semi–transparente qui s’ouvre sur le coeur battant. A l’image de son design, ce Tourbillon Twenty-8-Eight luxueux et chatoyant à l’intérieur, chic mais sans ostentation à l’extérieur, plus fin (10,28mm de hauteur pour 43 mm de diamètre) qu’à l’accoutumée n’est, après tout, pas si “irrationnel” que ça. Son prix: 143’000.- CHF.

TWENTY-8-EIGHT TOURBILLON by DeWitt
TWENTY-8-EIGHT TOURBILLON by DeWitt

Inspirations pré-raphaélites

"Dans cette après-midi dorée,
Sur l’eau nous glissons à loisir;
De petits bras tiennent les rames,
Qu’ils ont bien du mal à saisir,
De faibles mains en vain prétendent
Nous guider selon leur désir."

C’est ainsi sous les auspices de Lewis Caroll, dont est tiré ce petit poème introductif à Alice au Pays des Merveilles, que DeWitt a placé sa collection féminine Golden Afternoon. Réminiscences des langueurs pré-raphaélites, son cadran en nacre prend des allures de jardin irisé, ponctué de fleurs et de diamants en forme de nénuphar qui se reflètent sur une surface à la fois brumeuse et miroitante. Au-dessus tournent deux aiguilles ajourées en forme d’ailes d’ange tandis qu’orbite la fine flèche des secondes surmontée d’une flammèche.
Nacre chocolat et fleurs de nacre blanche et saumon enserrées dans un boîtier d’or rose; jeux de pureté et de résonance composés d’or blanc et de nacre blanche; éclats plus vifs entre l’or blanc et la nacre noire ponctuée de fleurs de nacre noire et saumon; versions légèrement saupoudrées de diamants, de sertissages plus intenses voire de sertissages intégraux totalisant jusqu’à 412 diamants... nombreuses sont les variations poétiques autour de cette féminissime Golden Afternoon de 39 mm animée par un calibre automatique doté d’une réserve de marche de 42 heures.

GOLDEN AFTERNOON by DeWitt
GOLDEN AFTERNOON by DeWitt

“Le seul aspect rationnel du luxe est la qualité”, aime donc à dire Jérôme de Witt qui, plus que jamais, revient au premier plan de sa propre manufacture pour y réaffirmer son credo. Ne voulant céder à aucun des conformismes ambiants, poursuivant résolument le développement progressif et l’intégration de sa manufacture, misant sur un style au caractère fort et discriminant, donnant à ses constructeurs, à ses maîtres-horlogers et à ses maîtres-cadraniers le temps pour parvenir à la qualité recherchée, Jérôme de Witt poursuit plus que jamais sa voie. Pour le grand bien de la diversité et de la poésie horlogères.

Source: Europa Star Première Vol.14, No 3