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BabelWorld

June 2013


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 La pièce historique la plus extraordinaire de Bâle

Non loin de là, dans un petit stand presque caché, un homme savoure non pas sa revanche mais la récompense de son travail de bénédictin. Dans sa vitrine, on peut voir la pièce unique qui vient de radicalement transformer l’histoire de la chronographie: le premier chronographe au monde, un “compteur de tierces” datant de 1816 et dû au génie de Louis Moinet. “Cette découverte place Louis Moinet quasiment au même rang qu’Abraham-Louis Breguet: à l’un le tourbillon, à l’autre le chronographe”, jubile Jean-Marie Schaller, patron de la marque Louis Moinet, à qui revient tout l’honneur d’avoir exhumé des limbes de l’histoire cet horloger modeste mais génial.

Louis Moinet
Louis Moinet
First Louis Moinet chronograph
First Louis Moinet chronograph

Questionné sur les suite qu’il va donner à cette importante découverte, Jean-Marie Schaller imagine qu’il sortira une pièce emblématique célébrant l’événement. Mais il est trop tôt pour en parler et, en attendant, on se penche sur sa dernière pièce, la Mecanograph. Chronomètre certifié COSC, cette pièce dont le cadran est géométriquement divisé en deux, présente à droite un demi-cadran guilloché Côtes du Jura d’un classicisme parfait et de l’autre une spectaculaire vue sur le balancier à vis, l’échappement à ancre aux palettes en rubis et le train de rouages ajourés. Suspendue au-dessus de ce dispositif, l’aiguille des secondes à double lecture vibre 8 fois par seconde, transmettant ainsi le rythme des 28’800 alternances heure de ce très beau mouvement maison, développé avec Concepto. Parfaitement terminée et décorée, cette pièce est proposée à un prix particulièrement intéressant dans sa version titane: 12’000.- CHF (compter 39’900.- CHF pour la version or).

MECANOGRAPH by Louis Moinet
MECANOGRAPH by Louis Moinet

Mais on trouve, chez Louis Moinet, à la fois beaucoup plus exclusif ou plus abordable. Entre la Derrick, avec son tourbillon 60 secondes surmonté d’un derrick en aluminium extrayant son énergie par cycles de 15 secondes (compter 280’000.- CHF pour ce garde-temps qui devrait faire fureur au Texas ou en Ouzbékistan) et la nouvelle Scott Dixon qui fait suite à la Nelson Piquet, dans la ligne sportive Legends, soit un chronographe tachymètre à qui sa glace saphir teintée confère une allure sombre et racée, renforcée encore par des inserts en fibre de carbone sur le pourtour de la lunette (9’900.- CHF), l’écart est grand, mais la même identité Louis Moinet, désormais pleinement établie, est bel et bien prodiguée.

  Leçon en algorithmes génétiques

Un des charmes de BaselWorld est de pouvoir passer sans crier gare d’un horloger indépendant à une grosse machine de guerre ou, pour dire les choses autrement, de quitter un Louis Moinet qui, il y a près de 200 ans, avait atteint les fabuleux 30 Hz, pour aller rencontrer Monsieur 1’000Hz, soit Guy Sémon, grand manitou de la R&D de TAG Heuer.
L’avantage, avec un homme comme cet ingénieur et professeur d’université à l’allure carrée, c’est qu’il va droit au but.

La stratégie produits de TAG Heuer? On vous l’explique: “Chez TAG Heuer, le prix moyen est d’environ 3’000.- CHF, avec un pic à 12’000.-. Bien au-dessus, la marque offre des pièces d’exception comme le Mikrograph, qui vaut 50’000.- CHF ou encore le Mikrotourbillon, à 220’000.- CHF. Entre les deux, rien! Nous sommes absents de tout le segment intermédiaire, qui est pourtant actuellement en plein boom et où se font des quantités. Mais comment entrer dans ce territoire? Des matériaux précieux? Ce n’est pas le territoire de TAG Heuer et il ne suffit pas de mettre de l’or et d’y aller. Alors quoi? Quels sont nos outils? Le design et la performance. TAG Heuer est une manufacture d’avant-garde. Nous sommes donc allés piocher dans les cinq dernières années, durant lesquelles nous avons sorti un produit très innovant par an. Nous nous sommes saisis de cette innovation, et l’avons injectée dans un produit plus abordable. Nous ouvrons ainsi une nouvelle catégorie, précisément dans le secteur dont nous étions absents.” CQFD.

Vous vous souvenez de la Pendulum qui, en 2010 ouvrait une toute nouvelle piste, celle du premier échappement magnétique, dépourvu de tout spiral. Deux gros problèmes subsistaient pour dépasser le stade du concept fonctionnel: la trop haute sensibilité des aimants à la température et la linéarité du couple. En ce qui concerne ce dernier, le problème a été graduellement résolu par “optimisation topologique et algorithmes génétiques”. Qu’est-ce à dire? En partant d’une entité mathématique simple et en procédant par itérations, on parvient graduellement à donner à l’algorithme recherché sa forme “adulte”. D’où le nom “génétique”. Au bout de ces calculs et de ces nuits blanches, les ingénieurs de R&D de TAG Heuer sont parvenus à obtenir une linéarité du couple égale, voire meilleure que celle d’un spiral.

Deuxième problème, la chaleur. Nous ne saurions résumer ici le cours en magnétisme et en géométrie spatiale – avec même une petite incursion du côté du quantique - qui nous a alors été donné (en serions-nous d’ailleurs capables?). Toujours est-il qu’au final, c’est un très savant dosage magnétique qui a été conçu. Au samarium allié au cobalt, qui forme ainsi un “aimant permanent” mais instable selon la température, a été ajouté du gadolinium (dans une proportion de 44%), un métal catégorisé dans les terres rares. Parmi tous les éléments naturels, le gadolinium est celui qui a la plus grande capacité d’absorption des neutrons thermiques. Ici, il agit comme un “bouclier” protégeant le coeur magnétique du dispositif des écarts de température. Le tour est joué. La précision du Pendulum passe alors des 45 secondes de 2010 à 1 seconde/jour aujourd’hui.
“On a monté ce bidule dans un châssis TAG Heuer Monaco, selon notre principe désormais bien éprouvé de la chaîne duale, et on obtient le Pendulum 50 Hz, qui mesure le 100ème de seconde”, conclut Guy Sémon. Une nouveauté absolue pour 35’000.- CHF, droit au coeur de la cible visée. Et ce n’est là qu’un début de conquête de ce segment stratégique. (Europa Star reviendra plus en détail sur cette innovation dans le numéro 4/13, Spécial mécanique)

TAG Heuer Carrera MikroPendulum S
TAG Heuer Carrera MikroPendulum S
TAG Heuer Carrera MikroPendulum S with 2 magnetic Pendulums replacing the hairsprings, one for telling time and one for timekeeping. Composed of 454 working components and based on unique TAG Heuer-patented technology, its watch chain turns at 12Hz and its chronograph chain turns at 50Hz (60 minutes power reserve). The chronograph tourbillon, the world’s fastest, controls the 1/100th of a second, beats 360,000 times an hour and rotates 12 times a minute.The case is forged from a revolutionary material, a chrome and cobalt alloy used in aviation and surgery. It is fully biocompatible, harder than titanium, easier to shape and as luminous as white gold. The case design, with its stopwatch-like placement of the crown at 12 o’clock, is based on the 2012 Aiguille d’Or winner, the TAG Heuer Carrera Mikrogirder, and the Carrera 50 Year Anniversary Jack Heuer edition.

TAG Heuer Carrera MikroPendulum
TAG Heuer Carrera MikroPendulum
The first high-frequency chronograph moved by magnets, the TAG Heuer Carrera MikroPendulum is inspired by the TAG Heuer Carrera Mikrograph, the first integrated column wheel mechanical 100/s wrist chronograph with a flying central hand display. Like all MIKRO creations, it is a dual chain platform with a balance-wheel system for the watch (28,800 beats per hour (4Hz) with a 42 hour power reserve), and a hairspring-less pendulum system for the chronograph (360,000 beats per hour (50hz) with a 90 minute power reserve).