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Qu’est ce que le maki-e ?

July 2010


Qu'est ce que le maki-e ?

Maki-e 蒔絵 - qui veut dire “image semée” - représente la technique la plus sophistiquée de l’art de la laque, désignant un travail décoratif où la poussière d’or ou d’argent est délicatement saupoudrée sur de la laque encore humide, généralement noire, pour créer le motif.

La laque provient de la sève de l’arbre à laque Rhus verniciflua. Apparenté au sumac vénéneux, il vient à l’origine des hauts plateaux d’Asie centrale ou du Tibet. Aujourd’hui, l’arbre à laque ne pousse qu’en Chine du Sud, en Corée, au Vietnam et au Japon, mais il semble qu’il aurait été jadis beaucoup plus répandu. En japonais, le nom de la matière et celui de l’arbre se confondent : urushi 漆. L’idéogramme composé des clés de l’arbre et de l’eau de l’homme donne une image fidèle de ce qu’il décrit.

Les techniques de laque varient en fonction des pays, des qualités de laque, et de l’usage auquel sont destinés les objets. Les trois catégories les plus représentatives des arts de la laque sont la gravure, les incrustations et le maki-e.

Qu'est ce que le maki-e ?

L’éventail de possibilités est presque infini, et l’invention japonaise du maki-e dans ses différentes variations représente l’un des mariages les plus remarquables de maîtrise technique et de sophistication esthétique dans l’histoire de l’art. Cette technique décorative est développée très tôt dans l’histoire japonaise. Elle arrive à pleine maturité artistique entre le VIIIème et XIIème siècle de notre ère pour devenir l’ornementation prédominante à partir du XVIIème siècle et le rester à ce jour. Elle ne semble pas avoir été utilisée en Chine - ou en avoir très tôt disparue. En revanche, elle y était très prisée comme en témoignent les nombreuses commandes passées depuis le continent au cours des siècles. Le maki-e lui-même a donné lieu à une floraison de techniques qui lui sont propres. Dès le milieu du Xème siècle, cette technique dépasse de loin toutes ses rivales, et leur est largement préférée pour sa finesse d’exécution, son caractère tout à la fois précis et vaporeux, et l’immense poésie qui s’en dégage.

L’une des plus grandes beautés de la laque est qu’elle orne les objets les plus précieux comme les plus quotidiens. Bols et vaisselle de laque traversent les siècles, tout comme les boîtes aux usages de forme multiple : boîtes à documents, boîtes à thé, à encens, à pinceaux, à encre, à cartes, à médicaments, etc. Si de tous temps, il y a eu du mobilier de laque, la préférence va malgré tout presque toujours aux objets de petite taille, à un travail de perfection dont la minutie est un enchantement.

Qu'est ce que le maki-e ? Qu'est ce que le maki-e ?

La Maison Zôhiko

En 1661, Yasui Shichibei 安井七兵衛 (1632-1692) ouvre un magasin vendant des laques et des produits chinois, qu’il nomme “A l’Ivoire”, Zôgeya 象牙屋. Son successeur est Kusunoki Jihei 楠治兵衛 (1659-1714), qui se concentre désormais sur les laques. Le magasin restera dans la famille pour cinq générations, avant d’être transmis à Nishimura Hikobei 西村彦兵衛 (1719-1773), alors chef de production, par manque d’héritiers dans la branche Kusunoki. Kusunoki Jirôbei 楠治郎兵衛 (1723-1784) légua à son premier commis non seulement le magasin, mais aussi le soin des tombes de sa famille, créant ainsi un lien de filiation insécable. Depuis cette époque jusqu’à ce jour, la Maison Zôhiko est tenue par des membres de la famille Nishimura qui reprennent à chaque fois le prénom du fondateur. Le directeur actuel de Zôhiko est ainsi le neuvième Nishimura Hikobei.

Le troisième Hikobei (1806-1875) reçut de l’Empereur le titre de “Maître en maki-e” pour l’excellence de son travail. L’une de ses pièces les plus remarquables est un panneau en maki-e représentant le bodhisattva Fugen sur un éléphant blanc. L’histoire dit que la population de Kyôto fut si séduite par la beauté de cette image qu’elle la nomma le “panneau de Zôhiko”. “Zô” signifiant l’éléphant et “Hiko” reprenant la première partie du prénom de “Hikobei”. C’est là, l’origine du nom de la Maison Zôhiko.

La Maison Zôhiko entretient des liens de longue date avec la Cour impériale japonaise. Le quatrième Hikobei (1806-1875) en était l’un des fournisseurs officiels et le directeur actuel a réalisé le siège officiel de l’Empereur régnant. Les premières exportations de l’atelier datent de la toute fin du XIXème siècle en conjonction avec l’ouverture du Japon au monde extérieur suite à la Restauration de Meiji. Cette nouvelle ampleur donnée à la Maison est l’oeuvre du huitième Hikobei (1887-1965). Il fut unanimement considéré comme un pionnier de l’industrie de la laque. Il fonda également une école de maki-e qui devint une référence pour de nombreux artistes spécialistes de la laque.

La longue histoire de Zôhiko reflète une tradition d’excellence sans pareille dans le respect à la fois d’une continuité artistique et d’une créativité toujours renouvelée. Tout en cultivant une tradition déjà plus que millénaire, Zôhiko est ouverte sur le monde. Le partage avec Vacheron Constantin a donné lieu à une collaboration d’une intensité extraordinaire dont le fruit porte le nom de collection Métiers d’Art –La symbolique des laques.

Qu'est ce que le maki-e ?