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Urwerk - Quand l’intelligence s’en mêle

August 2013


Depuis sa création en 1997, Urwerk fait figure de pionnier de la nouvelle horlogerie indépendante. Explorant comme aucune autre marque la voie des satellites horaires, déclinant cette complication inédite sous plus d’une forme, Urwerk a ouvert de nouvelles pistes horlogères, tant en termes techniques qu’en termes esthétiques. Mais si l’on a pu souvent s’étonner devant les étranges et futuristes machines à dire le temps qui sont sorties des ateliers d’Urwerk, on n’a jamais assez souligné que la démarche de Félix Baumgartner et de son complice Martin Frei se justifiait pleinement d’un point de vue strictement horloger. Car, au-delà des effets formels, la quête tout horlogère de la précision a ainsi toujours été au centre des préoccupations d’Urwerk.

Et de ce point de vue, la marque a récemment dévoilé une recherche très originale portant sur l’ajout d’une “intelligence” à la montre de précision.

Un contrôle permanent intégré au mouvement

L’interactivité entre la montre et son possesseur est une thématique qu’Urwerk a déjà explorée, notamment avec les différents “control boards” qui équipent ses montres, permettant au porteur de régler par exemple le régulateur de remontage automatique en fonction de ses activités (voir la récente UR-210).

Mais dans le projet de laboratoire EMC, Urwerk va plus loin. L’ambition proclamée est non seulement de créer une montre très précise mais de parvenir à une évaluation et une régulation de la marche de la montre en temps réel, à tout moment et facilement ajustable par le porteur. En d’autres termes, c’est comme si la montre était sous un contrôle de marche permanent.

EMC and the ARCAP balance wheel
EMC and the ARCAP balance wheel

Or, jusqu’à présent, ce contrôle ne peut s’opérer que grâce à des machines (les célèbres Witschi) dont seuls les horlogers sont équipés. Qui plus est, ces machines ne contrôlent pas la montre portée. Urwerk a donc imaginé un mode de contrôle par capteur optique en lien direct avec le balancier. Régulé par un oscillateur électronique à 16’000’000 Hz, soit une fréquence de référence de très haute précision, ce capteur optique enregistre en direct les oscillations du balancier de la montre, qui oscille à 28’800 a/h, soit 4 Hz. Une “intelligence artificielle” (en l’occurrence un circuit électronique) calcule le différentiel entre la marche du mouvement et l’oscillateur de référence. Reste à transformer cette information en indication lisible pour le porteur et à lui permettre de l’ajuster de la façon la plus pointue possible, en fonction des informations reçues.

Une mécanique repensée pour être mieux analysée

Mais à mesures précises doit correspondre une architecture précise. Afin de rendre lisibles ces informations, la mécanique de la montre a donc dû être intégralement repensée. La transformation la plus spectaculaire a été réalisée au niveau du balancier. Manufacturé en ARCAP, ce balancier arbore une morphologie parfaitement linéaire, optimisée du point de vue aérodynamique de façon à minimiser toute perte d’amplitude. La stabilité et la performance linéaire de la montre ont été améliorées grâce à un double barillet monté en vertical sur un arbre unique, qui délivre son énergie sur une réserve de 80 heures. Enfin, accessible depuis l’extérieur de la montre, une vis de régulation permet un ajustement précis via la raquette en modifiant la longueur active du spiral.

Pour l’heure, l’EMC est encore un prototype éclaté. Réunir tous ces éléments à l’intérieur d’un boîtier compact est le prochain défi d’Urwerk. Mais à propos, direz-vous, ne s’éloigne-t-on pas de la mécanique pure? Le lecteur optique et le circuit électronique ne nécessitent-t-ils pas une alimentation électrique? Certes. Mais celle-ci ne sera pas fournie par une quelconque pile, mais par un générateur manuel, sorte de clé de remontage qui permettra de charger un condensateur alimentant les fonctions de contrôle de l’EMC.

Source: Europa Star August - September 2013 Magazine Issue