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Dossier spécial Art & Horlogerie - Hermès - Temps imaginaires

December 2012


“Le dialogue entre la création contemporaine et nos métiers d’art est pour nous d’un intérêt vital. Source d’invention, de dépassement, de découverte sans laquelle nous risquerions de nous reposer sur nos acquis et de nous enfermer dans une certaine routine. Les projets que nous apportent les artistes confrontent nos artisans à de véritables défis, de prime abord insurmontables, mais les relever nous permet de faire reculer les limites de nos savoir-faire.” C’est Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique d’Hermès qui parle. En l’occurrence, il ne fait pas allusion à l’horlogerie, un des 14 métiers de la maison, mais évoque les carrés. Les fameux carrés d’Hermès, ces précieuses soies imprimées nées en 1937. Sous la dénomination Hermès Editeur, certains de ces carrés sont confiés à des artistes contemporains de renom, Josef Albers, Daniel Buren ou Hiroshi Sugimoto. Mais ce que Pierre-Alexis Dumas déclare est valable pour tous les métiers, y compris l’horlogerie. “Porteuse d’une tradition humaniste, la maison Hermès a depuis toujours entretenu une proximité avec le monde de la culture. Une entreprise qui ne gagne que de l’argent est bien pauvre, si elle ne sait pas s’enrichir parallèlement sur le plan humain et culturel” ajoute-t-il.

Cette proximité avec l’art et la culture s’exprime aussi à travers la Fondation d’entreprise Hermès qui oeuvre dans la valorisation des savoir-faire artisanaux, le soutien à la création artistique, l’accès à l’éducation et à la formation et des actions en faveur de la préservation de la biodiversité. Dans le domaine artistique, plus précisément, elle oeuvre dans les arts plastiques, la photographie, les arts de la scène et le design. Expositions, résidences d’artistes, soutien au spectacle vivant, rencontres, prix, bourses sont au copieux menu de ses activités. “Les projets que nous soutenons sont essentiels pour la maison car ils sont en résonance avec notre univers”, précise encore Pierre-Alexis Dumas.

CAPE COD GRANDES HEURES
CAPE COD GRANDES HEURES

Dossier spécial Art & Horlogerie - Hermès - Temps imaginaires

ARCEAU TEMPS SUSPENDU
ARCEAU TEMPS SUSPENDU

Un territoire unique: mettre le temps sens dessus-dessous

Philippe Delhotal, directeur de la création auprès de La Montre Hermès, acquiesce: “par rapport à la plupart des autres marques horlogères dont le périmètre est clairement défini, le territoire créatif d’Hermès est immense, car cette proximité avec la création contemporaine est relayée à travers nos 14 métiers. Tous ces métiers génèrent des créations dont nous pouvons nous inspirer pour l’horlogerie. Pour donner un exemple, l’utilisation très innovante que nous avons faite de l’émail, avec des motifs très contemporains, s’inspire directement d’autres de nos métiers. Mais à l’intérieur du périmètre horloger, il a fallu aussi que la Montre Hermès définisse son propre territoire particulier. Dans ce processus, la montre Grandes Heures a joué un rôle central.”

Souvenez-vous. Sortie en 2008, la Cape Cod Grandes Heures réinventait “une nouvelle chorégraphie du temps” en offrant des tempos différents selon les périodes de la journée. Sur le cadran, les indications des heures ne sont plus sagement disposées à intervalles réguliers mais sont rapprochées ou éloignées de façon à donner l’impression d’une accélération ou d’un ralentissement du temps. Ainsi, 8h et 12h sont ils très rapprochés puis des “pauses temporelles” sont ménagées entre 12h et 4h ou entre 18h et 20h, correspondant à autant de façons différentes de vivre les heures – toutes relatives – de la journée.

“C’est à partir de cette montre fondatrice, à sa façon, qu’Hermès a marqué son territoire horloger particulier, qui est le temps de l’imaginaire, le temps de prendre son temps, pourrait-on dire”, explique Philippe Delhotal.

Sortie en 2011, la montre Arceau Temps Suspendu, qui permet à son possesseur de “suspendre” le temps en le faisant à volonté disparaître (les aiguilles se mettent alors dans une position qui n’indique aucune heure) et réapparaître (les mêmes aiguilles reviennent instantanément à l’heure exacte, quel que soit le temps qui s’est écoulé) a non seulement marqué les esprits mais posé définitivement le territoire unique d’Hermès dans le domaine horloger.

Dossier spécial Art & Horlogerie - Hermès - Temps imaginaires

Dossier spécial Art & Horlogerie - Hermès - Temps imaginaires

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Chorégraphie du temps

Explorant ainsi les possibilités “chorégraphiques” de l’affichage du temps, La Montre Hermès s’est donc tout naturellement inspirée de la danse contemporaine et, en retour, inspire celle-ci. On a donc pu récemment assister à un superbe spectacle de danse contemporaine donné au Royal Opera House de Covent Garden, à Londres (spectacle qui sera présenté à travers le monde). Son titre, Time in Motion, dit bien les relations tissées entres les arts – la musique, art qui se déploie dans le temps, et la danse, art du mouvement dans l’espace – et l’horlogerie. Mais, plus précisément encore, ce programme a été mis en place pour mettre en lumière les avancées de La Montre Hermès en termes de mouvement: on parle ici des mouvements mécaniques que la maison a développé en exclusivité avec Vaucher Manufacture (dont Hermès est actionnaire à hauteur de 25%). Deux beaux nouveaux mouvements manufacture, le H1837 et le H1912, ont ainsi été présentés. Décorés d’une fine trame de H sur la masse oscillante et les ponts, équipés d’un double barillet délivrant une force constante, équipés d’un échappement maison, ils viennent équiper respectivement les montres Dressage et Arceau.

Créée en 1978, La Montre Hermès a grandi avec une infinie patience, de façon à graduellement acquérir les savoir-faire nécessaires au plein exercice du Métier de l’horlogerie. C’est maintenant chose accomplie – techniquement et esthétiquement - et l’horlogerie selon Hermès peut pleinement se déployer dans ses propres territoires, désormais eux aussi très clairement définis, que personne ne pourra lui contester.

Dossier spécial Art & Horlogerie - Hermès - Temps imaginaires IN THE POCKET
L’aventure horlogère d’Hermès a débuté en 1912. En témoigne une photographie devenue célèbre où l’on voit la petite Jacqueline Hermès, fille d’Emile Hermès et grand-mère de Guillaume de Seyne, actuel président du conseil d’administration de La Montre Hermès, portant à son poignet un petit oignon enrobé de cuir. Une création originale mais tout à fait “logique” pour le sellier qu’était – et reste – Hermès.
A l’occasion des 100 ans de cette montre qui figure parmi les premières montres-bracelet au monde, Hermès a décidé d’en réaliser des rééditions. Astucieuse, inventive, inédite, parfaitement réalisée (la façon du seul bracelet dans lequel la montre est tenue nécessite une pleine semaine de travail intégralement manuel), équipée du nouveau mouvement H1837, elle n’existe malheureusement qu’en 24 exemplaires taillés dans du palladium, pour le boîtier, et du veau Barenia, pour le bracelet. En boutique dès le mois de mars 2013, vendue au prix de 33’000.- CHF, cette In The Pocket, portable par les hommes comme par les femmes, devrait logiquement s’arracher. Espérons qu’Hermès décidera de la réaliser en plus grand nombre, tant elle est séduisante.

Source: Europa Star Première Vol.14, No 6

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